Le style Value et les petites et moyennes valeurs européennes sont sous-évalués – L’Agefi

11 février 2025

Le style Value et les petites et moyennes valeurs européennes sont sous-évalués

Article de Stéphane Levy, Stratégiste et responsable de l’innovation chez Chahine Capital, pour L’Agefi.

L’année 2025 a démarré en fanfare pour les bourses européennes (MSCI Europe NR +6,5% en janvier). La baisse du mois de décembre a été vite oubliée et de nouveaux records ont été atteints en janvier par les grands indices européens. La revalorisation des indices a été telle qu’on ne peut désormais plus dire que le marché est décoté. Le ratio de cours sur bénéfices (PER) à 12 mois prospectif de l’indice MSCI Europe s’établit désormais à 14,1x soit le niveau historique moyen de valorisation observé depuis 2000, une première depuis trois ans et l’invasion de l’Ukraine.

Cette normalisation fondamentale des indices est un processus logique dans un contexte de pivot monétaire accommodant par les banques centrales et de croissance économique solide. Est-ce pour autant que le marché européen a abandonné tout potentiel ? Nous ne le pensons pas, et ce pour deux raisons.

Le positionnement cyclique reste encore expansif et favorable à la classe d’actifs actions. Notre indicateur de Momentum économique se maintient à un niveau élevé. Il continue, et ce depuis début 2023, de signaler un environnement procyclique propice à une surexposition stratégique à la classe d’actifs actions Europe. Alors que la croissance du PIB de la zone Euro devrait atteindre +0.8% en 2024, une inflexion positive est attendue pour 2025 (+1.0%) et 2026 (+1.2%).

Un environnement procyclique demeure en place

Par ailleurs, la baisse des taux que la BCE a initiée en juin dernier devrait se poursuivre avec la même intensité lors du premier semestre. Autant d’éléments qui pourraient justifier une valorisation au-dessus de la moyenne historique.

Enfin, il est important de rappeler que le contexte est à ce stade vertueux pour les valorisations. En effet, l’«effet temps» redevient porteur. La croissance attendue des bénéfices lors des douze prochains mois est de +8% pour l’indice MSCI Europe, ce qui signifie qu’à marché stable, le PER baisse de 0,1 point chaque mois. C’est d’autant plus vrai que le Momentum de révision des analystes financiers s’est récemment stabilisé et ne devrait pas être menacé dans les prochains mois en raison de la forte baisse récente de l’euro contre dollar. Virtuellement, le PER de l’indice européen serait inférieur à 13.5x à la fin du semestre si le marché devait se maintenir à son niveau actuel.

Des segments de marché à privilégier

Un regard plus granulaire sur les différents segments du marché européens permet d’identifier certaines inefficiences, à même de contribuer à la création de valeur relative pour les gestions actives en actions lors des prochains mois.

Une décote significative est observable sur les segments les moins chers du marché

On constate que l’intégralité des secteurs dont le PER est inférieur à celui du marché présente une décote par rapport aux standards historiques. Il s’agit essentiellement de secteurs à dominante stylistique Value, ce qui nous semble être une anomalie dans un contexte procyclique. A titre d’illustration, le secteur Banque affiche aujourd’hui un PER de 7,8x contre 10,4x en moyenne depuis 2000, et ce en dépit de la forte performance du secteur en 2024 (+26% hors dividendes, meilleur secteur européen de 2024).

Même constat pour le segment des «petites et moyennes valeurs», de nature procyclique en relatif et traditionnellement favorisé par l’accommodation monétaire, qui présente une décote de 10% par rapport à sa moyenne historique.