Election de J. Biden : une bonne nouvelle pour les marchés ?

07 février 2021

La crise de la Covid aura été fatale à Donald Trump, ce dernier étant lâché par ses soutiens financiers et Wall Street malgré les gages donnés par l’ancien président sur les fronts économiques et financiers. Alors que Joe Biden a pris la tête de la Maison Blanche le 20 janvier, certains commentateurs y voient déjà un troisième mandat Obama. Il semble toutefois que la présidence de Biden pourrait prendre une direction bien plus sociale avec un passage immédiat à un salaire minimum fédéral à hauteur de 13$/h et une hausse du taux d’imposition sur les sociétés de 21 à 28%… En outre, c’est le plan de relance de 1 900 Mds$ qui occupera le début de mandat pour favoriser la demande intérieure avec de nouveaux chèques de relance de 1400$ pour les ménages (Helicopter Money).

L’explosion des besoins de financement public associés à cette politique pourrait avoir de lourdes consé-quences sur les marchés. En effet, le rythme d’extension du bilan de la Fed est aujourd’hui très insuffisant pour financer en totalité les besoins de financement de l’Etat américain, sans même parler des plans de relance dans les infrastructures envisagées. Dans ces conditions, il faudra soit que la Fed révise ses posi-tions dès le début d’année pour intervenir de manière bien plus massive sur le marché des obligations souveraines américaines, soit que l’épargne internationale accepte de financer ces tombereaux de dette. Dans le cas contraire, il pourrait alors se produire un effet de siphon au détriment des autres actifs finan-ciers et immobiliers avec à la clé une correction majeure des prix des actions américaines. Si cette dernière option n’est clairement pas notre scénario central, il faudra tout de même surveiller de près la manière dont les Etats-Unis financeront leurs gigantesques besoins en 2021.

L’année 2020 aura été relativement lisible en termes de thématiques : essentiellement de la techno (+42,8%) et de la distribution (+34,1%), avec notamment la distribution digitale. L’année 2021 devant être l’année du rebond des économies, faut-il solder ces paris pour revenir sur les secteurs les plus à la traine ? Nous pensons surtout que les thématiques sectorielles seront moins franches, et que les marchés seront des marchés de stock-picking. Il faudra être très vite en mesure d’évaluer qui parmi les entreprises seront celles susceptibles d’adapter leur business model originel pour l’adapter et recréer de l’activité, dans un contexte où les flux géographiques seront durablement bouleversés. D’un point de vue géographique, seuls les indices asiatiques ont poursuivi leur progression depuis le début de l’année (+15% pour le MSCI China depuis fin décembre, avant de retracer de -6,7%), en raison de leur moindre sensibilité à la nouvelle vague épidémique actuelle. Nous estimons que le retard accumulé par l’Europe (-1,0%) et les Etats-Unis (-0,9%) devraient progressivement se résorber au fil du temps et de l’avancée des stratégies vaccinales dans ces deux zones, amenant plus de visibilité quant au timing du rebond économique qui s’en suivra.

En ce début de saison de publication des résultats du T4 2020 aux Etats-Unis, les premiers chiffres des so-ciétés composant le S&P 500 sont très bien orientés. Malgré des révisions à la hausse des estimations de bénéfices, la hausse continue des marchés actions depuis le point bas de la mi-mars 2020 fait stagner les niveaux de valorisation sur des niveaux élevés (PER qui oscille entre 22x et 23x les bénéfices futurs). Si ce chiffre peut apparaitre élevé, il faut le mettre en perspective : les taux directeurs sont à zéro, le rende-ment des obligations d’Etat est proche de l’être (respectivement 1,1% et 1,8% pour le 10 ans et le 30 ans américain), et des tombereaux de liquidités continuent d’être injectés par les Banques Centrales, ce qui tire mécaniquement les prix des actifs risqués vers le haut. Si les marchés américains ont fait du surplace depuis notre précédente publication, la hausse des taux à 30 ans a impacté à la baisse notre cours objectif qui se situe aujourd’hui à 3603 points contre un marché qui a continué sa hausse jusqu’à 3850 points avant de baisser et de conclure le mois à 3715 points. Seule une baisse des taux pourrait entrainer un ob-jectif de cours supérieur selon notre modèle (autour des 3900 points avec des taux à 30 ans à 1,5%). En Eu-rope par contre, un contexte de taux d’intérêt toujours écrasés et des perspectives de rebond des béné-fices plus franches font ressortir un potentiel de hausse de +17.5% pour les indices européens d’ici la fin d’année. Dans ces conditions, il nous semble opportun de surpondérer les actions européennes par rap-port à leurs homologues américaines.

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