Notre précédente lettre du 21 décembre précisait qu’un indice à 2426 points était déjà un point bas qui intégrait beaucoup de mauvaises nouvelles. Le point bas récent était atteint le 24 décembre à 2351 points pour le S&P 500 constituant une occasion de se positionner selon notre recommandation. Le marché a depuis fait un parcours de +13% à 2665 points et selon nos calculs la « fair value » est de 2641 points dans un scénario probable de simple ralentissement économique. Dans l’hypothèse d’une récession modérée, la valorisation ressort à 2391 points et signifie qu’il est peu probable qu’on retouche le point bas de 2351 points atteint le 24 décembre.
Les paramètres qui sous tendent notre valorisation sont une croissance des bénéfices 2019 stabilisée à 2.1% alors que le consensus est à 5.2% et un rebond de 8% en 2020 pour un consensus à 11.1%. Les taux à 30 ans se sont stabilisés à 3% comme nous le prévoyions. Le CAGR sur 8 ans est à 3.4%, chiffre qui paraît bas, mais tient compte d’un probable recul des marges qui sont à leur plus haut historique. Compte tenu de l’environnement actuel toujours risqué avec un VIX toujours élevé, notre recommandation d’être sous pondéré par rapport à son benchmark reste inchangée. Mais il ne faudra pas hésiter si des baisses irrationnelles avaient lieu à se positionner à nouveau. Ainsi, une heureuse coïncidence nous a permis de détecter le point haut le 28 Septembre et le point bas (pour le moment) le 21 décembre. Nous ne sommes pas malheureusement à l’abri d’un choc exogène qui remette en question nos évaluations.
Le rebond du marché a été motivé par le retour de la Fed à la raison où le marché lui a dicté la politique à suivre en faisant dégringoler les taux à 2 ans d’un plus haut de 3% à un plus bas de 2.38%. Powell déclarait récemment « we are listening sensitively to the message that markets are sending about downside risks » Le taux actuel à 2.63% laisse anticiper une hausse en 2019 et une hausse en 2020. La réduction du bilan est également abordée avec prudence. La Chine et les US sont condamnés à trouver un compromis car la première voit son économie ralentir et la deuxième ses sociétés souffrir dans leurs PROFITS comme l’annonce Apple. Trump tient à une bourse en forme pour sa réélection.
La croissance mondiale continue de s’effriter avec l’ensemble des zones revues à la baisse. Le consensus prévoit une hausse de 3.1% en 2019 contre 3.4% en 2018. La baisse du baril pourrait aider à stabiliser ces prévisions. Les signes de ralentissement sont perceptibles sur le marché automobile qui plonge depuis l’été dernier en Chine et en Europe. Les indicateurs économiques comme la confiance des consommateurs améri-cains, les indices PMI en Eurozone et aux US marquent le pas. Et pour couronner le tout, l’inconnu du Brexit peut créer un choc. Les parutions des résultats américains soulignent les révisions en baisse notamment dans l’énergie mais également dans le secteur IT. La croissance des profits en T1 est ramenée à 0% et un petit chiffre en T2 et T3, pour une moyenne de 5.2% sur l’année que nous ramenons à 2.1%.
Les marchés mondiaux ont fortement rebondi de 6.1% en 2019 effaçant quasiment la baisse de 6.9% en 2018. Le compartiment petites et moyennes capi a rebondi de 8.6% après la très forte correction de 2018.
En zone euro, les profits continuent malheureusement d’être revus à la baisse pour 2018 et pourraient s’approcher du 0% et 2019 est également fortement revu à la baisse. Les taux longs restent incroyablement bas mais n’arrivent pas à faire décoller l’économie. Le marché n’est pas cher mais n’arrive pas à attirer les investisseurs.