Article de Stéphane Levy, Stratégiste et Responsable de l’Innovation, à consulter entièrement sur le site de L’Agefi.
Le rally boursier commencé il y a désormais bientôt trois ans s’est prolongé lors du premier semestre. Le MSCI Europe NR a progressés de 8,5% en euros, en dépit d’une actualité politique et géopolitique particulièrement dense. Cette hausse n’a pas concerné l’ensemble des segments du marché européen, et une dispersion aussi puissante qu’atypique des performances a pu être constatée.
A titre d’illustration le secteur Banque a progressé de 29,1% au premier semestre alors que les secteurs Biens de consommation et Santé ont tous deux abandonné 6,3%.

La hausse de l’euro ainsi que le feuilleton sur les tarifs douaniers ont favorisé les segments domestiques
Un phénomène parfaitement intelligible et logique dans ce qui pourrait être la 3e et dernière phase du rallye boursier initié à l’automne 2022.
La première phase entre septembre 2022 et octobre 2023 fut celle du soulagement en lien avec le cycle économique. L’économie mondiale se montrait bien plus résiliente qu’anticipé malgré une inflation à l’époque à deux chiffres.
La deuxième phase entre octobre 2023 et décembre 2024 fut quant à elle la conséquence positive de la baisse rapide de l’inflation et de l’imminence d’un pivot monétaire accommodant par les banques centrales, qui s’est matérialisé en juin 2024 pour la BCE et en septembre 2024 pour la Fed.
La troisième phase, qui a pris racine depuis le début de l’année, est celle de la normalisation fondamentale des différents segments du marché actions. Un phénomène qui s’observe traditionnellement en fin de cycle d’expansion.
La normalisation fondamentale a porté la Value
C’est la raison pour laquelle le style Value ainsi que les petites et moyennes valeurs se sont bien comportés durant le semestre. En début d’année, l’intégralité des secteurs à dominante Value, c’est à dire les secteurs faiblement valorisés présentaient une décote par rapport à leurs standards de valorisation historique. C’est désormais moins vrai. A l’inverse les secteurs «chers» notamment les secteurs Visibilité (Agroalimentaire, Biens de consommation, Santé, Média) présentaient quant à eux en début d’année une prime de valorisation que leur significative sous-performance récente a permis de graduellement normaliser.

Cette normalisation fondamentale du premier semestre a également porté les segments de marché les plus domestiques en Europe. Cela ne surprendra personne dans un contexte politique dominé par les menaces de droits de douane de la nouvelle administration Trump. D’autant plus que l’euro s’est fortement apprécié contre le dollar, ce qui a pesé en relatif sur les sociétés exportatrices.
Les Banques, l’Assurance, les Télécoms et les Utilities se sont ainsi distingués car ces secteurs combinent des caractéristiques Value et domestiques, à l’inverse des secteurs Biens de consommation, Santé ou Automobiles.
Un « Momentum » plus diversifié au second semestre ?
Le processus de normalisation a été tel que les incohérences fondamentales que nous avions identifiées en début d’année sont désormais pour une large part résorbées. Il ne serait donc pas étonnant d’observer dans les prochains mois une inflexion progressive du «Momentum», actuellement très polarisé, vers des segments aujourd’hui délaissés.
Certains compartiments ont en effet tellement sous-performé qu’ils redeviennent attractifs. L’agroalimentaire, la Santé, les Biens de consommation, le Luxe ou l’Automobile s’inscrivent dans ce cadre.
Une hypothèse dont le catalyseur pourrait être celui d’une baisse de taux par la Fed américaine plus significative qu’anticipée au second semestre, ce qui permettrait à l’administration américaine de desserrer l’étreinte sur les tarifs douaniers.