L’après-Merkel : quels changements pour l’Allemagne, l’UE et la politique monétaire ?

05 octobre 2021

Angela Merkel, chancelière depuis 2005, n’était pas candidate à sa propre succession. Entre l’accession au pouvoir et le départ politique de la Chancelière, le revenu par tête aura augmenté de près de +18,5 % (crise incluse). Et pourtant, contre toute attente, les débats précédant les élections fédérales du 26 septembre dernier ont pris une tournure très sociale, sans réel continuum donc avec la politique d’Angela Merkel. En un sens, ils ont ressemblé à ceux de la présidentielle outre-Atlantique d’il y a un an, avec de nombreuses similarités parmi les sujets abordés : salaire minimum, fiscalité (des entreprises et des plus riches), filets de protection sociale, environnement, …

Au niveau européen, le contexte actuel reste clairement celui de la relance. Le 15 septembre dernier, Ursula von der Leyen a déclaré dans son discours State of the Union que l’erreur de 2008 de pratiquer une consolidation budgétaire trop rapidement en sortie de crise ne serait pas renouvelée. Il faut donc s’attendre à ce que la politique budgétaire expansionniste continue encore longtemps au niveau de l’UE-27. Toutefois, 8 pays « Frugaux » (dont les Pays-Bas, l’Autriche, le Danemark et la Suède) avaient pris les devants en se déclarant ouverts aux débats, tout en renouvelant toutefois leur profond attachement à la soutenabilité budgétaire. Les Frugaux et autres partisans de la rigueur budgétaire vont-ils perdre un allié avec l’Allemagne ? Pas complètement. Nous pensons surtout que l’Allemagne va soutenir la reprise en appuyant l’importante relance budgétaire actée au niveau européen, mais elle ne cautionnera pas un free lunch inscrit dans le temps long.

Étonnamment, Olaf Scholz est, parmi les candidats anciennement en lice, celui qui s’inscrit le plus dans la ligne politique d’Angela Merkel, une dose de libéralisme en moins. Il faut donc s’attendre à ce que l’Allemagne reste dans un certain entre-deux, c’est-à-dire sans adopter totalement la vision des Frugaux, tout en ne se satisfaisant bien sûr pas de la situation des finances publiques des États du sud de la zone euro. Globalement, l’enjeu à venir sera de savoir si Olaf Scholz parvient à concilier intelligemment la rigoureuse gouvernance allemande avec une meilleure soutenabilité sociale. Dans l’affirmative, l’Allemagne devrait alors conserver son avance économique, tout comme son leadership sur les institutions européennes…

Après un T2 2021 record (+90,9 % de croissance bénéficiaire pour les sociétés du S&P 500) depuis la fin de la crise des subprimes, les trimestres à venir se normalisent avec un effet de base post-Covid qui disparait mécaniquement. Le T3 2021 s’annonce toujours très bien orienté avec une croissance bénéficiaire estimée aujourd’hui à +27,6 % par le consensus FactSet, soit la 3ème plus forte hausse depuis 2010. Sur le plan sectoriel, le troisième trimestre reste dans la veine du trimestre précédent et fait la part belle aux secteurs ayant le plus souffert au cours de l’année 2020 avec, en tête, le secteur de l’énergie qui continue de profiter du rebond notable de l’or noir (les prix du baril de WTI et de Brent sont respectivement à 75 $ et 80 $). A court terme, le point de tension pour les sociétés semble être clairement centré autour de l’inflation : à la lumière des récents chiffres élevés du CPI, le nombre de sociétés du S&P 500 ayant évoqué le terme « inflation » lors de leurs annonces de résultats du T2 a atteint des niveaux records. En effet, près de la moitié des entreprises composant le S&P 500 ont cité le terme « inflation », soit le chiffre le plus élevé depuis 2010 selon FactSet.

Les indices boursiers américains et européens ont reflué au cours du mois de septembre. Les taux ont de leur côté rebondi, à la suite de l’annonce de J. Powell qui a clairement laissé entendre que le tapering allait débuter d’ici peu (surement avant la fin d’année). « Si les progrès se poursuivent globalement comme prévu, le comité juge qu’une modération du rythme des achats d’actifs pourrait bientôt être justifiée », indique le communiqué de la Fed. Dans ces conditions, notre modèle d’évaluation indique qu’une consolidation reste toujours possible sur les marchés américains. En zone euro, la moyenne des taux à 30 ans a suivi la même dynamique qu’aux Etats-Unis. Tout comme aux Etats-Unis, nous estimons que l’année 2021 devrait être aussi bonne qu’escomptée par les analystes. Dans ces conditions, notre modèle d’évaluation nous indique que les actions européennes sont aujourd’hui à leur juste prix – voire légèrement sous-cotées – quel que soit le scénario envisagé.

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