Trump risque d’entrainer une récession sans le vouloir

27 août 2019

Trump a réussi l’exploit de se mettre à dos toute la planète avec son « America First ». Il bataille avec la Chine, le Mexique, le Canada, le Japon et compte passer à l’acte avec l’Europe. Il s’est mis à l’écart du monde en dénonçant les accords de Paris sur le climat, en remettant en question l’OTAN, en dénonçant les accords nucléaires avec l’Iran, en soufflant sur les braises pour envenimer le Brexit et casser l’Union Européenne. Nous ne lui donnons pas tort sur le bras de fer entretenu avec la Chine. C’est un pays qui a trompé toute la planète en s’accaparant illégalement ou par contrainte les propriétés intellectuelles pour copier tout ce que l’Occident sait faire. Il a joué la concurrence exacerbée des pays libéraux pour développer sur place une industrie de plus en plus compétitive grâce à une main d’œuvre abondante et peu chère. Il a profité de l’ouverture mondiale pour inonder la planète alors que le marché chinois reste régulé aux mains du parti communiste. Depuis le 6 avril 2017, date à laquelle Trump et Xi se sont donnés 100 jours pour régler le différend, la guerre commerciale fait rage, allant de rebondissement en rebondissement. Elle s’est vivement accélérée en août, chaque pays tirant avec un bazooka plus grand que celui de l’adversaire, la Chine ayant recours à la dévaluation du Yuan. Les négociations piétinent et les marchés financiers vivent entre espoir et désespoir de voir une solution. Chaque nouvelle est suivie d’une vive réaction des marchés, qui réagissent par ailleurs à l’effondrement des taux longs et à l’inversion de la courbe.

Dans cette guérilla qui dure depuis 18 mois le ralentissement mondial se fait sentir. L’automobile allemande par exemple en souffre par ricochet. Les BMW et Mercedes sont exportées des US vers la Chine, sont donc taxées comme produits américains et leur cours en bourse dégringole. La croissance mondiale s’est effritée de 1/10ème de point à 2.8% (en devises). L’Allemagne souffre le plus en zone Euro et sa croissance 2019 est réduite à 0.7%. La croissance US est revue à la baisse pour 2019 et 2020. Singapour, la plate forme du commerce mondial, a vu sa croissance réduite de moitié cette année. Le Brésil s’oriente vers la récession malgré les rodomontades du populiste Bolsonaro. Et l’impact d’un Brexit dur ne semble pas pris en compte. Les chiffres officiels ne montrent pas de ralentissement en Chine, mais le marché automobile s’est littéralement effondré et l’Australie voit ses exportations de matières premières freinées et sa devise au plus bas historique. Les indicateurs avancés PMI manufacturiers s’effondrent aux US et en Europe, alors que les services résistent. Malgré tout, l’économie américaine tourne correctement avec un chômage au plus bas historique et une confiance élevée des consommateurs. Ceci pourrait vite changer si quelques sociétés venaient à licencier afin de faire face à des augmentations de leurs coûts ou baisses de leurs exportations.

La courbe des taux reste une source d’inquiétude des marchés, le 30 ans américain a même touché les 2%. La Fed se dit prête à réagir à un ralentissement économique, mais répond à Trump qu’elle ne peut rien face aux désordres commerciaux. Les taux en zone Euro se sont encore creusés dans le négatif jusqu’à 30 ans en Allemagne ! Du coup, l’or trouve son intérêt comme valeur refuge.

Les profits des sociétés américaines accélèrent leurs révisions à la baisse, 2019 a été revu de +1% à 0% et 2020 entame une révision rapide de 1.5% sur 2 mois. Cela a entrainé une révision substantielle de notre CAGR de 3.2% à 2.1%. En zone Euro, on sera heureux d’avoir des profits stables. La baisse des taux est venue compenser quelque peu la faiblesse des profits et notre objectif de cours ressort à 2951 points, 100 points au-dessus des cours de clôture. C’est un point d’entrée intéressant pour des acteurs peu investis. Le scénario d’une récession mettrait les cours entre 2580 et 2744. Nous préconisons de prévoir un ordre d’achat à partir de 2744. Nous maintenons une opinion de pondération en-dessous de son benchmark (35% au lieu de 40% dans notre cas).

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