La volatilité va de pair avec la folle période

31 mars 2020

83% ! Tel est le niveau atteint par le VIX le 16 mars, journée où l’indice S&P 500 a affiché une chute histo-rique de 12%. Une volatilité qui a battu le record de 2008. Notre précédente édition « La baisse des taux ne suffira pas pour faire face à la crise » s’est vérifiée et il a fallu avoir recours à l’helicopter money pour dé-verser des milliards sur les personnes et les entreprises touchées par la crise. Les banques centrales ont pour cela ouvert les vannes en illimité, ce qui a permis un rebond des marchés. Le niveau d’anxiété est très élevé dans les populations en raison du confinement dont on ne voit pas la fin… La médecine toute puissante qui a une réponse à tout est complètement désarmée. Et le peu d’armes qui lui restent pour combattre les symptômes aigus font cruellement défaut comme les respirateurs et plus prosaïquement des masques de protection et autres équipement médicaux de base. Les marchés financiers vont rester dans l’angoisse tant qu’ils ne verront pas une voie de sortie de cette pandémie. Une correction de 34% du plus haut s’est faite en 33 jours sans que l’on sache si l’on a touché le point bas à 2237 points pour le S&P 500.

La gestion statistique de la crise est affligeante. Les statistiques par pays du nombre de cas sont une « tambouille » inexploitable car elles dépendent du nombre de kits disponibles. La comparaison entre la France et l’Allemagne n’a aucun sens vu l’écart énorme dans le nombre de cas testés. Nous avons vaine-ment cherché un pays qui a établi un panel représentatif de la population qui permettait de suivre scienti-fiquement la progression de la maladie (le panel Nielsen était notre ancien métier). Pour le moment aucun modèle optimal n’émerge pour combattre le virus. La Chine, la Corée ou Singapour risquent une rechute comme le montrent les infinies précautions pour retourner à la normale. Les Pays-Bas ou la Grande-Bretagne ont reculé devant le « Herd contamination » très couteuse en vies humaines par l’accélération de l’épidémie qui noie le système de santé. Pour sortir de la crise il faudrait le vaccin miracle ou le médi-cament miracle, et en l’absence de l’un et de l’autre il faut accepter la stratégie du « Herd Contamination ». Tout le monde le fait mais sans le dire. Une fois que plus de 50% de la population a été exposée au virus et développé les anticorps, l’épidémie s’arrête statistiquement. Tout le monde attend maintenant le test pour dépister les anticorps plus que pour tester l’infection. Ces tests devraient arriver bientôt en grande masse (on l’espère) et les personnes immunisées devront retrouver le chemin de l’activité sans risque puis les catégories les moins à risque devraient suivre. Peut-être pourra-t-on mesurer d’ici là statistique-ment le taux de personnes immunisées.

Le marché a fait une correction de 34% de son plus haut et se trouve actuellement à -25%. Les fortes cor-rections touchent l’énergie, la finance et tout ce qui a trait au loisir et aux voyages. Netflix se porte bien, les gens n’ont rien d’autre à faire… La dislocation des marchés de taux est rude avec des spreads qui ont grimpé à 12% pour les Junk Bonds, faisant craindre des prochaines faillites. Les banques centrales ont dé-versé 5.7 trillions de $ de liquidités et tous les États ont lancé un programme de soutien de l’économie en protégeant l’emploi et les entreprises touchées.

Les consensus et autres indicateurs économiques sont en panne avec des prévisions totalement inutiles. Nous nous sommes appuyés sur la crise de 2008 pour anticiper une chute de 21% des profits cette année suivie d’un rebond de 15%. Avec un taux de 1.38% sur 30 ans, le cours objectif du S&P 500 s’établit à 3030 points qui sera atteint par une sortie de crise. Cette valorisation nous incite à passer de sous-pondération à une surpondération par rapport au benchmark, qui est descendu naturellement à 30% en raison de la baisse. Nous préconisons d’ajouter 5% en plaçant des ordres à partir d’un cours à 2650 points « à froid ». C’est le cours le plus bas où nous sommes nous-même rentrés. Nous avons un grand point d’interrogation sur le devenir des trillions de $ déversés. Vont-ils se porter sur la consommation avec une offre raréfiée entrainant une forte inflation ?

Nous souhaitons à tous nos lecteurs une bonne santé et l’énergie pour surmonter cette crise.

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