La Chine ouvre le bal de la politique antitrust dans la Tech

05 juillet 2021

La rocambolesque « disparition » de Jack Ma, président-fondateur d’Alibaba, durant plusieurs mois constitue certainement l’épisode le plus épique de la lutte actuelle du Parti Communiste Chinois pour garder la mainmise sur son secteur technologique ! Depuis lors, les faits marquants se succèdent dans le secteur de la Tech chinoise : l’annulation de l’introduction en bourse d’Ant Group, l’interdiction du Bitcoin et le bannissement de l’activité de minage des cryptomonnaies, etc. La vision stratégique de long terme de la Chine qui cherche à rattraper son retard technologique (comme a pu le montrer l’exemple de la 5G, par exemple) n’est pour autant pas remise en question par les récents événements : l’effort de R&D du pays est devenu considérable, avec des dépenses dormais plus de 15x supérieures à ce qu’elles étaient il y a 20 ans.

Face à l’inexorable ascension de la Chine dans un domaine à désormais forte consonance sécuritaire, les pays occidentaux tentent de créer un front technologique commun : en s’associant, leurs dépenses de R&D resteraient encore 2x supérieures à celles de la Chine… ce qui changerait invariablement la donne dans la « guerre commerciale et technologique » sino-américaine. Au niveau géostratégique, il s’agit bien sûr aussi pour les États-Unis d’œuvrer à la conservation de leur leadership, même si cette nouvelle ère de collaboration avec l’Union européenne devra encore être confirmée dans les faits… Toujours est-il qu’il s’agit là d’un pas de plus vers la reformation de blocs (notamment avec le RCEP en Asie, surtout commercial quant à lui) qui ne sont pas sans faire penser à ceux du temps de la guerre froide.

En matière de politique antitrust, les États-Unis sont pourtant loin d’être novices et ne peuvent pas être qualifiés de « suiveurs » de la Chine sur ce point, même si ces derniers semblent avoir accéléré dans leur volonté de faire rentrer dans le rang leurs grands acteurs privés. Déjà du temps de Donald Trump les discours avaient commencé à fleurir concernant la nécessité d’encadrer ces nouveaux trusts des temps modernes (les GAFAM), qui s’autorisent désormais à sortir de leur champ d’activité pour s’inviter dans le champ de l’opinion publique, de la morale ou de la politique. L’élection de Joe Biden n’a sur ce point rien changé, bien au contraire… Les années à venir seront riches en événements de ce côté-là.

Les bonnes nouvelles sur le front de la microéconomie continuent d’affluer, de telles prévisions de croissances bénéficiaires n’ayant plus été observées depuis bien longtemps : les analystes tablent sur une croissance agrégée des bénéfices pour l’ensemble du S&P 500 de +62,8 % pour le T2 2021, soit la plus forte hausse observée depuis la crise des subprimes et le rebond connu lors du T4 2009 (+108,9 % à l’époque). Rappelons que le T1 2021 s’était terminé sur une croissance agrégée des bénéfices pour l’ensemble du S&P 500 de +52,5 %. Finalement, l’ensemble de l’année 2021 devrait se terminer par une hausse de +35,2 % des profits, ce qui amènerait les bénéfices agrégés du S&P 500 15 % au-delà des points hauts de 2019, effaçant allégrement le trou d’air de 2020 lié à la Covid-19.

Si nous estimons aujourd’hui que 2021 devrait être globalement aussi florissante qu’espérée par les analystes, il nous semble important de rappeler que les attentes en termes de croissance bénéficiaire nous paraissent beaucoup trop agressives pour les années à venir notamment aux Etats-Unis avec respectivement +11,6 % et +9,1 % en 2022 et 2023.

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