Est-ce la fin de la fête ?

28 janvier 2020

Après avoir sablé le champagne en cette fin d’année 2019, la fête s’est poursuivie en 2020 pour célébrer l’accord signé avec la Chine dit Phase 1 avec une volatilité tellement basse qu’elle laissait craindre une immunité à toutes les épreuves. L’épisode du Coronavirus est venu rappeler qu’il y a des évènements qu’on ne peut pas anticiper, faisant craindre un ralentissement chinois en pleine célébration du nouvel an. La volatilité s’est tout de suite tendue de 12 à 18% au moment où nous clôturons cette lettre. Après une hausse historique de 31.6% et un plus haut de +3% cette année, l’indice est revenu à son niveau de fin d’année.

L’accord phase 1 avec la Chine est très favorable aux États-Unis, mais sera-t-il respecté ? Il contraint au respect de la propriété intellectuelle, met fin au transfert forcé de technologie, enlève les barrières administratives aux exportations agricoles, ouvre les marchés financiers, engage à ne plus manipuler les cours des devises et contraint la Chine à importer $200Mds de marchandises sur 2 ans dont $32Mds de produits agricoles. Très beau sur le papier, mais en cas de non-respect pas de procédure neutre d’arbitrage et chaque partie pourra quitter l’accord à ses risques et péril. C’est la raison pour laquelle Trump a fait à peine un geste pour éliminer les récents droits de douane.

On va célébrer la fin du Brexit cette semaine, mais ce n’est qu’un commencement de négociations qui promettent d’être ardues. Les anglais voudraient la libre circulation des marchandises, mais se libérer de toutes les règles qui les entourent et nouer des accords avec les frères anglophones essentiellement. Les zones de pêche libres sont un sujet très épineux et le temps imparti à fin 2020 est ridicule. La Grande-Bretagne voit son attractivité diminuer de jour en jour comme plateforme d’investissement pour couvrir le continent. Le reflux des sociétés financières vers le continent est acté, mais certaines industries suivent également. Les risques géopolitiques en 2020 restent l’Iran et le Moyen-Orient avec un risque sérieux de rupture d’approvisionnement en pétrole. La menace des fusées Nord Coréennes continuera de se faire sentir.

L’Amérique continue d’envoyer quelques bonnes nouvelles macroéconomiques sur fond de mollesse de l’économie mondiale. Le secteur de la construction bat tous les records depuis la baisse des taux, la confiance des consommateurs reste au plus haut, le marché de l’emploi est vibrant, l’indice ISM des services s’est repris… Mais l’indice Leading Indicators est en repli indiquant un ralentissement futur de l’économie, confirmé par des prévisions de hausse réduites à 1.8% de l’économie en 2020. L’inflation ne donne aucun signe de reprise et la Fed affiche une position d’attente et pourrait être amenée à baisser les taux suite à la crise du Coronavirus qui a inversé la courbe des taux jusqu’à 3 ans et ramené le 30 ans à 2.12% ! La BCE n’a plus d’armes pour baisser les taux et l’usage de l’helicopter money pourrait apparaître en 2020. L’inflation a pointé du nez en Chine et en Inde suite aux tensions sur les produits alimentaires, qui progressent plus que l’inflation depuis ces 15 dernières années, faisant craindre une crise au niveau mondial. La croissance mondiale en 2020 continue de s’effriter à 2.62%, avec pas mal de révisions provenant de l’Asie. Notons que la France devrait avoir une croissance de 1.15% cette année, au-dessus de la moyenne européenne.

Les profits du S&P 500 seront étalés en 2019 avec une hausse que nous anticipons à 8% en 2020, qui peut s’éroder si la crise actuelle impacte la croissance mondiale. Notre modèle de valorisation a revu à la hausse l’objectif du S&P 500 de 2897 à 3051 points et 3200 points avec les taux longs actuels. Le multiple reste élevé à 18.7x 2020. L’objectif de cours du MSCI EMU est à 142 points auxquels s’ajoute un dividende très généreux de 3.5% pour un cours de clôture de 133 points. Nous maintenons notre position de sous-pondération par rapport au benchmark (35% contre 40%). Nous ne cédons pas à la panique ambiante car il s’agit d’une allocation stable dans la durée. Nous avons constamment conseillé de maintenir les liquidités en $ au lieu des taux négatifs en Euros, une stratégie qui a été payante sur la durée y inclus via la baisse des taux et l’appréciation du $.

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