Désynchronisation temporaire des dynamiques économiques au niveau mondial

07 septembre 2021

Le pic d’inflation, initialement attendu aux États-Unis au 2ème trimestre 2021, aura finalement eu lieu dans le courant de l’été : après être passée de +1,4 % en début d’année à plus de +5,3 % en juin, l’inflation des prix à la consommation a commencé à se stabiliser en juillet. Même si cela reste très supérieur à la cible d’inflation de la Réserve fédérale, le caractère transitoire de la hausse des prix nous amène à penser, comme la FED, qu’elle ne présente pas de véritable risque pour l’économie américaine à ce stade. De fait, les déclarations de J. Powell lors du symposium économique de Jackson Hole ont confirmé notre position : la FED pourrait légèrement resserrer sa politique monétaire à partir de la fin d’année mais aucune rupture brutale ne doit être envisagée. Dans ces conditions, nous réitérons notre conviction qu’un krach obligataire est peu probable à horizon de court, moyen et long terme, et que les taux souverains resteront bas pendant plus longtemps qu’anticipé, rendant soutenables les niveaux de valorisation des marchés actions actuels.

À l’inverse de la Chine et des États-Unis, la zone euro (et plus largement l’Union européenne) a connu une deuxième vague de récession lors du T4-2020, avec une baisse de -0,6 % du PIB réel en variations trimestrielles annualisées. Parmi les principales zones économiques mondiales, elle est donc la dernière à avoir sorti la tête de l’eau. Conséquence, l’optimisme est de mise chez les directeurs d’achat et l’économie européenne va également pouvoir compter sur le soutien budgétaire européen, qui devrait installer plus solidement une reprise ayant surtout donné des signaux contradictoires jusqu’alors. Autant dire qu’aucun changement de politique monétaire n’est à attendre actuellement, encore moins que pour la FED. Cela conforte encore un peu plus notre scénario de « japonisation » de l’Europe.

Temporaire, la montée de l’inflation ne constitue pas un risque majeur pour les économies de grande taille. En revanche, elle pourrait durement impacter les pays émergents les moins favorisés. Si la Chine sort du lot, c’est parce qu’elle parvient de mieux en mieux à se couvrir contre le risque inflationniste et que le degré de maturité de son économie l’apparente désormais plus à un pays riche qu’à un pays émergent. Pour que la Chine déraille, il faudrait une accélération du processus de régulation du partage de la valeur ajoutée en interne, ce qui nous paraît peu probable à court terme, les autorités s’efforçant d’abord de reprendre la main sur les grands trusts chinois.

Les trimestres se suivent et la microéconomie continue d’afficher une résilience à toute épreuve, plus particulièrement aux États-Unis. En effet, la saison des publications du deuxième trimestre affiche des chiffres records : 97 % des sociétés composant le S&P 500 ont publié à ce jour et ces dernières affichent une croissance bénéficiaire de +93,8 % en agrégé, ce qui amènerait l’indice complet (en ajoutant les 3 % n’ayant pas encore publié) à une hausse de +91,9 % ! Soit des chiffres bien plus élevés que ce qui était encore prévu par les analystes à la fin juin quand ces derniers n’anticipaient qu’une hausse de +63,0 % des bénéfices pour le T2.

Les indices actions continuent leur inexorable ascension : en effet depuis notre précédente lettre, les marchés américains et européens ont respectivement rebondi de +5 % et +4 % (en monnaies locales). Ceci est à mettre en relation avec le reflux important de taux observé depuis la fin juin. A cela vient s’ajouter le fait que les perspectives bénéficiaires ont poursuivi leur dynamique haussière avec une année 2021 qui a été considérablement revue à la hausse. Dans ces conditions, notre modèle d’évaluation indique toujours qu’une consolidation est possible sur les marchés américains. Nous continuons donc de surpondérer les actions européennes par rapport aux actions américaines.

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